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BULLETIN DE PSYCHIATRIE FRANCOPHONE
La psychiatrie vivante en 2007-2008
Deux séminaires sont prévus:
Ces Journées de rencontre ont été organisées par Madame le Docteur France Paramelle, membre adhérente de la SPP et de l’API, dans le cadre des séminaires et des colloques ouverts au public de la Société Psychanalytique de Paris Société Psychanalytique de Paris
Journées de rencontre organisées par France Paramelle, membre adhérente de la SPP et de l’API, dans le cadre des séminaires et colloques ouverts au public
Week-end de rencontre des 7 et 8 juillet 2007
Programme du Samedi 7 Juillet
Programme du dimanche 8 juillet.
Compte rendu des journées rédigé par le Dr Paramelle
Conclusion et résumé de Mme le Dr France Paramelle
Conclusion
Abstract
Une demande de soin psychique est-elle compatible avec les soins obligés?
Commentaire privé du Dr Ludwig Fineltain,
Séminaire 1 du 7 & 8 juillet 2007 sur les quais de la Seine
et ultérieurement:
Séminaire 2 du 5 juillet 2008 à Panthéon-Assas
Les personnes auteurs d’agressions sexuelles
Psychanalyse et Soins Obligés
Dr France Paramelle
"A meeting in Paris on the 7th and 8th of July 2007, organized by France Paramelle, member of the International Society of Psychoanalysis, psychiatrist and criminologist.
-Psychoanalysis, sexual offenders treatment and French Law-
with the participation of
-Institute of Criminology of Paris-Paris2-Assas
-French society of criminology
-Association of Victimology
-Associations of Victims
Psychiatrists, psychologists, experts, magistrates communicate and exchange their experiences on the current issue in France.
Reports are communicated on sexual offenders treatment in the United-States."
J’ai été convaincu d’en reproduire le déroulement dans ce «Bulletin de Psychiatrie» parce que j’y ai décelé les bons critères des réunions de qualité: le bon niveau scientifique et le souci de la recherche (Dr Ludwig Fineltain)
à Paris
Les personnes auteurs d’agressions sexuelles
Psychanalyse et Soins Obligés
(Lieu des journées de rencontres: Péniche Charleston, Quai de la gare 75013 Paris)
10h00 Accueil
10h30 Les soins obligés: présentation
France Paramelle, Médecin Neuro-Psychiatre, membre adhérent de la SPP, diplômée de l’Institut de Criminologie de Paris.
10h.45 Inceste de citron - (2 cas cliniques)
Sylvie Nisembaum, Psychologue, Philosophe, Psychothérapeute de formation analytique.
Mots clés choisis par l’auteur: inceste, perversion, souffrance psychique, traumatisme
Résumé de communication rédigé par l’auteur:
Titre: Inceste de citron. Présentation de deux cas cliniques. D'abord le cas d'une adolescente victime d'inceste dès l'âge de douze ans. Je résume les premiers entretiens alors que le père doit passer en jugement. Ensuite, le cas d'une fillette de six ans, abusée par son oncle paternel, en l'absence des parents. Je relate les deux premières années de psychothérapie. Sylvie Nisenbaum
11h15 "La demande de soin en milieu carcéral et ambulatoire"
Betty Dumoulin, Psychologue Clinicienne, Psycho-criminologue
Intervention: Betty Dumoulin, Psychologue – CHS Bon Sauveur Albi (81) – CMPA et Maison Arrêt, Albi.
Mots-clés:
Demande de soins – milieu carcéral- sujet auteur infraction sexuelle (AIS)- répétition acte- vulnérabilité- dangerosité criminologique- déni – «bonus pénal» - articulation ou confusion sphères santé /justice – problématique expertale.
Il n’existe pas d’obligation de soins en prison pour les sujets AIS, mais une incitation aux soins qui est énoncée par le Juge d’Application des Peines (JAP).
Force est de constater qu’il existe bien une souffrance psychique chez le sujet AIS, qu’elle soit ou non liée aux actes infractionnels reprochés.
La demande de soins de ce sujet n’est pas une demande répondant aux pré-requis classiques qui sont censés fonder toute demande psychothérapeutique (consentement).
Dès lors la demande de soins est à entendre comme étant, en première intention, l’expression d’une plainte, d’une souffrance dont l’objet serait «j’ai mal à la prison».
Nous postulons que la demande de soins du sujet AIS n’est pas aléatoire, qu’elle peut varier dans son évolution en termes de qualité, d’origine et de direction et d’obtention de bénéfices secondaires. Le sujet est pris dans un labyrinthe de désirs individuels, d’un système défensif et d’un parcours judiciaire et carcéral. L’analyse des interactions de ces facteurs indique plusieurs types de demande de la part du sujet. La demande qui fera évoluer le sujet au sens d’un sentiment de responsabilité et d’appropriation de la demande n’est possible que si l’on obtient des ruptures dont l’intensité peut varier et qui mettent à mal ou en échec le fonctionnement psychique du sujet.
12h00 "Soins obligés en prison: panacée ou poudre de perlimpinpin?"
Dr Eric Kania
Résumé de la communication intitulée "Soins obligés en prison: panacée ou poudre de perlimpimpin?" rédigé par l’auteur:
La législation française ne prévoit pas la possibilité de soins obligés en prison: en milieu carcéral, seuls sont possibles les soins librement consentis, avec, éventuellement, une incitation aux soins (loi du 17 juin 1998). Une évolution de la législation avec possibilité d'obligation de soins pour des personnes détenues (sur le modèle de certains pays européens) rassurera peut-être l'opinion publique, mais conduira à de fausses thérapies à l'origine d'une diminution illusoire de la dangerosité.
Dr Eric Kania
SMPR des Baumettes
Marseille
12h30 Le suivi socio-judiciaire
Catherine Samet: 1er Substitut, Etat Major de la Sécurité de l’Administration Pénitentiaire, chargée de cours à l’Institut de Criminologie de Paris
Catherine Samet
Voyez le compte rendu du Dr Paramelle parmi les notes ci-dessous:
Compte rendu du Dr Ludwig Fineltain:
Je suis perplexe quand je vois la difficulté des rapports entre magistrats et experts. Les experts doivent rester dans leur rôle pour permettre au juge de jouer sa partition! A Outreau les experts se sont assis dans le fauteuil du juge! Certains juges en contrepartie demandent beaucoup trop à l’expert. Celui-ci doit apporter un discours scientifique capable d’éclairer les décisions du juge. Rien de moins mais aussi rien de plus!
Ceci dit j'ai été enchanté d'entendre le merveilleux exposé de notre magistrate parce que j'y ai entendu, chez elle et elle seule, ce mot que nous souhaitons trouver chez chacun d'entre nous. Elle a prononcé 4 fois le mot "inventé".
Nous devons inventer et laisser en nous émerger l'heuristique parce que, en matière d'agressions sexuelles graves, je dirais familièrement qu’au fond, nous sommes tous un peu perdus!
13h00 Fin de session
14h30 «Le mariage de la carpe et du lapin»
Aspects thérapeutiques de l’expertise psychiatrique judiciaire des jeunes délinquants sexuels
«Professeur Marc Peyron», membre adhérent de la SPP, Professeur Associé de Psychiatrie, Médecin Chef Honoraire des Hôpitaux et Expert auprès de la Cour d’Appel de Versailles
Résumé rédigé par l’auteur:
Après avoir rappelé les quelques textes de Lois rappelant les buts de nos missions d'expert, l’auteur, à partir de plusieurs vignettes cliniques, rappelle l’importance de la mise en actes chez l’adolescent et situe la place de l’expert et de la justice pour cibler le meilleur moment où il faudrait à son avis pratiquer l’entretien d’expertise pour qu’au cours de celle-ci puisse s’élaborer une amorce de relation thérapeutique, fait une critique de la question sur la crédibilité de la victime pour enfin amorcer quelques propositions plus ou moins de l’ordre du fantasme….
15h30 Pause
15h45 Discussion
17h Fin de la première journée.
10h30 Accueil
11h00 Transactions perverses dans les familles avec inceste
Mylène Garo, Médecin Psychiatre, thérapeute familial
12h00 Les traitements Outre-Atlantique: réflexion
Dr France Paramelle, membre adhérente de la SPP et de l’API:
Abstracts rédigés par l’auteur:
Les traitements existent en prison depuis 1960 sans exclure les chimiothérapies quand celles-ci sont indiquées. Thérapies comportementales pratiquées en groupe avec des thérapeutes formés. Les études statistiques n’ont pas une durée suffisante pour juger de l’efficacité de celles-ci. En effet des récidives se produisent après 10 ans dans 25% des cas. Les avis sont partagés entre inefficacité ou améliorations partielles. Le consensus existe sur la non curabilité de certains auteurs d’agression.
A la sortie de prison les thérapies se poursuivent, elles peuvent durer de 12 mois à 5 ans, voire toute la vie. La loi Megane (Clinton Mai 1996) met le sorti de prison sous l’oeil des citoyens qui participent à la défense sociale. Connaissance du nom et de l’adresse de l’ex-condamné rendue publique. L’application de cette loi varie selon les Etats. Malgré les protestations et des actions en appel, aucun tribunal ne s’est prononcé pour l’inconstitutionnalité de la loi (8e amendement: punition injuste et cruelle)
12h30 discussion
13h00 fin de session
14h30 «Cause Toujours»
Partage d’une Expérience Clinique
Docteur Stéphane Sénéchal, Médecin Psychiatre, Médecin Sexologue, Centre Pénitentiaire de Meaux.
15h30 Pause
15h30 Discussion
Mlle Lina BESSA, psychologue dans un Commissariat de Police
Compte rendu de l’intervention de Lina BESSA, psychologue au commissariat de Melun, rédigé par l’auteur:
A l’issue des interventions de cette journée, j’ai porté un regard de l’intérieur de l’institution policière. J’interviens en effet auprès des victimes et des auteurs.
En ce sens il m’a semblé important au vu des questionnements qui ont émergé de distinguer la reconnaissance sociale externe par la plainte, le procès, la condamnation éventuelle, et le travail interne de la personne sur la dimension psychique propre; l’externe ne suffit pas à endiguer les maux internes.
C’est un travail qui demande du temps, la personne distingue ce qu’elle dépose dans sa plainte, et ce qu’elle dépose avec le psychologue. Cette dimension temporelle est également importante dans des problématiques récurrentes, à l’instar des violences conjugales, une plainte peut en cacher une autre qui n’a pas été déposée alors, ce qui a alors été refoulé rejaillit parfois vingt ans après, continuant son propre travail, et demandant réparation.
Ainsi le dépôt de plainte peut être réparateur, mais peut également faire émerger des problématiques lourdes qu’il faudra soutenir.
Denise Bouchet-Kervella, psychanalyste SPP,
Mots-clés, choisis par l’auteur: Auteurs d’actes sexuels délictueux. Pathologie du narcissisme. Clivages. Traumatismes infantiles. Perversité narcissique. Perversion sexuelle. Cadre. Tiercéité.
Résumé rédigé par l’auteur:
Denise Bouchet-Kervella, psychanalyste SPP, 15 ans d’expérience de «soins obligés» en milieu extra-carcéral (consultation spécialisée au sein d’un CMP de secteur, 17 rue d’Armaillé 75017) souligne, malgré l’extrême diversité des organisations mentales rencontrées, la présence constante chez ces sujets d’une fragilité narcissique fondamentale comportant des moments de déréliction, sous des formes variées pouvant atteindre l’effondrement dépressif sévère ou même une angoisse d’anéantissement. Ainsi, ces troubles du comportement sexuel apparaissent moins comme des troubles de la sexualité proprement dite que comme des tentatives de «solution défensive» visant à sauvegarder une représentation de soi menacée de vacillement voire de néantisation. La construction d'imagos parentales «suffisamment bonnes» dans le monde psychique interne semble avoir été entravée par diverses situations traumatiques. Toutefois, selon l'ampleur et la précocité de celles-ci, la nature de l’angoisse n’est pas la même et donne lieu à des modalités de clivage très différentes, qui permettent de comprendre les processus sous-jacents à des actes où prédomine, selon les cas, la destructivité ou la libido érotique. L’accueil de ces sujets dont la pathologie déborde le plus souvent la nosographie psychiatrique classique semble nécessiter, aussi bien en milieu ouvert qu’en milieu intra-carcéral, une équipe pluridisciplinaire disposant d’une palette de soins suffisamment diversifiée selon le fonctionnement mental de chaque cas, et fournissant par ailleurs à chaque partenaire le support d’une indispensable tiercéité psychique.
(Pour en savoir plus, cf. l’article intitulé Existe-t-il des caractéristiques cliniques et psychopathologiques des pédophiles extra-familiaux adultes?, site de la Fédération Française de Psychiatrie, conférence de consensus de novembre 2001)
16h30 Compte Rendu des Journées
17h00 Fin de la deuxième journée.
Modalités pratiques: les inscriptions sont en nombre limité. Inscription auprès de France Paramelle par e-mail soit: france.paramelle@wanadoo.fr soit paramellenwyrk@aol.com
Compte-rendu des journées
Le programme s’est déroulé comme prévu, avec un timing respecté dans l’ensemble
Ces journées ont été le fruit d’une rencontre spontanée sur internet et leur résultat est positif et sympathique. Elles ont réuni une quarantaine de personnes venant du Luxembourg, d’Algérie, d’Albi, de Marseille, de l’Ile-de-France et de Paris. Elles ont également réuni plusieurs représentants d’Associations de victimes. Des personnalités de l’Institut de Criminologie de Paris ont souhaité participer ces journées ainsi que le Président de la Société de Victimologie, Gérard Lopez.
Nous donnerons un compte rendu des différentes communications et interventions. Ce compte rendu est en référence avec notre écoute et notre réflexion.
Sylvie Nisembaum
Le matin du 7, nous avons écouté la communication de Sylvie Nisembaum qui nous a invités à entendre son travail avec 2 personnes victimes d’inceste. Travail qui communique à notre écoute les séances: une petite fille exprime son désarroi et cherche à reconstruire un monde ou l’intrusion a bousculé le développement psychique. Véritable effraction psychique, voilà ce que constitue un viol pour un jeune enfant. La petite fille effractée ne peut élaborer son angoisse d’un monde psychique perdu que par le truchement de dessins ou de jeux. Le pare-excitation a été détruit et les symptômes de la petite fille en témoignent. Le désarroi des parents n’aide guère l’enfant qui risque fort de devenir l’enfant symptôme.
Le poids du secret est pathogène. La patience de la thérapeute contribue à ce que j’appellerais le travail de reconstruction. J’étais avide d’entendre la parole de la thérapeute mais celle-ci eût-elle été pertinente ou bien le silence était-il de mise?
Dans le second cas, le destin de la jeune adolescente atteint la dimension tragique. Abandonnée et seule, figure héroïque du «sans culpabilité»: un misérable semblant pour masquer l’horreur de la stigmatisation et peut-être du désêtre. Désespoir sous une armure narcissique que menace sans doute une dépression profonde.
A l’issue de ce témoignage, on peut s’interroger sur l’environnement de l’aide apportée à ces victimes: est-il suffisant? Qu’en est-il d’un accompagnement pour la famille? Quel va être leur avenir? Qu’en est-il du travail de la thérapeute et de l’accompagnement de son propre travail?
Betty Dumoulin
Nous avons ensuite écouté le témoignage de Betty Dumoulin qui nous parle de sa difficulté dans son travail, contraint par le discours du juridique, je ne dis pas de la loi,
-Monde de la confusion sémantique dans lequel thérapeute et patient doivent se repérer, trouver leur place respective en évitant les leurres du narcissisme ou d’une écoute obérée par la mise en théâtre du lieu.
-Problème du consentement du patient, paradoxe d’un consentement exigé ou séduit par des bénéfices secondaires.
Travail difficile mais non impossible à condition d’en éviter les pièges et savoir saisir les moments opportuns pour en établir les bases, par exemple le moment du choc carcéral.
-Pour l’auteur, le soignant parle avec la souffrance quand l’institution veut contrôler la possibilité de récidive….
-Et cependant, dans cet espace, une écoute demeure possible mais à quel prix pour le thérapeute? Travail d’étayage ou déjà mise en place d’un transfert?
La question du déni est abordée. Betty Dumoulin y entend une défense psychique en lien avec un déni d’altérité plutôt que déni des faits.
Eric Kania
En écho, la communication d’Eric Kania pose les mêmes questions et souligne aussi la confusion du discours de la santé et de celui de la justice.
Proche de Balier, Eric Kania pense le temps de l’incarcération comme celui de l’incitation aux soins, l’obligation réservée a la sortie de prison.
-L’auteur souligne l’intrication des décisions juridiques avec la donne politique du moment, l’extension du contrôle social.
- le psychiatre refuse le rôle à lui désigné. Pour lui, la récidive n’est pas une maladie elle ne peut faire l’objet de soins. Seule la souffrance est objet de soin.
-Le paradoxe du consentement de l’auteur d’agression sexuelle serait-il la caricature renvoyée en rétorsion du non consentement de la victime. Pour dire plus brutalement: la liberté de conscience serait-elle à son tour violée par l’institution?
-L’auteur n’hésite pas à parler d’une justice psychopathique.
-La violence sexuelle n’appartient plus au mal mais à la santé.
- Mais la prison est-elle un lieu de soin?
Une discussion s’ensuit:
Betty Dumoulin propose de remplacer le consentement par le mot adhésion.
Michèle Agrapart experte près de la Cour de Cassation et chargée d’enseignement à l‘Institut de Criminologie de Paris, non psychanalyste, souligne qu’il n’y a pas un seul diagnostic pour les agresseurs sexuels, mais plusieurs, en relation avec les faits comportementaux.
Le déni pour elle est utilitaire: éviter la prison
Enfin elle souligne la dimension de plaisir pour l’auteur d’agression.
Egalement, elle rappelle le rajeunissement des agresseurs: 12 ans, et l’augmentation du nombre de femmes incriminées comme auteurs d’agressions sexuelles.
Eric Kania reprend la question du déni sous l’angle de l’erreur judiciaire….l’innocent soigné pour…?
Mme Bouchet-Kervella répond à Michèle Agrapart que le plaisir est au lieu de l’inconscient: jouissance. Jouissance narcissique d’une supposée toute-puissance pour palier une angoisse d’anéantissement.
Fin de la discussion
-Catherine Samet, chargée de cours à l’Institut de Criminologie, fait un brillant exposé.
Elle parle du lieu qu’elle occupe, celui de la Magistrature.
Je reproduis ici les axes de son discours:
-Les magistrats appliquent la loi
-Ils ont besoin d’être éclairés pour trancher
-Les circonstances ne peuvent être omises car elles sont toutes éclairantes pour sa décision
-Mais: le psychiatre peut-il trahir le secret? Trahir?
.(En vérité .pour l’expert, il ne peut être question de trahir s’il a justement informe l’auteur de son rôle.)
- Pour Catherine Samet, le juge ordonne aux soignant de soigner, elle souligne que le mot suivi psycho-judiciaire est évité et remplace par celui de suivi socio-judiciaire ...
-Les médecins experts, envoient l’auteur en prison avec la notion d’une responsabilité atténuée qui le signifie plus dangereux, parfois curable parfois non.
-«Schizo mais responsable» souligne Catherine Samet
-Les médecins mettant les auteurs «malades» dans la compétence juridique, ne doivent-ils pas en assumer les conséquences? Le juge ordonne aux psychiatres de soigner.
Alors:
-Qui est alors sous main de justice?
Nous avons tous regretté que les obligations de Catherine Samet ne lui aient pas permis de rester plus longtemps. Son intervention ayant été très appréciée, nous espérons que ce dialogue pourra se poursuivre
Gérard Lopez, Président de la Société de Victimologie
- propose l’institution d’une institution collégiale ou/et l’utilisation d’échelles de mesure pour éviter les pièges narcissiques de la subjectivité. Il est vrai que ceci est peu utilisé en France.
Gérard- Lopez souligne également les limites de la psychanalyse académique pour être à l’écoute des victimes: trop de neutralité, non prise en compte de traumas plus récents.
Il est vrai, cependant, que la définition de trauma utilisée en victimologie n’est sans doute pas la même que celle des traumas précoces entraînant des distorsions de personnalités pouvant entraîner des actes de délinquance, en conséquence.
Question à suivre, car il est difficile d’omettre également le rôle des PTSD dans certains faits de délinquance. Nous espérons, la encore, que le dialogue pourra se poursuivre.
Professeur Marc Peyron
Dans l’après-midi le professeur Marc Peyron fait l’exposé de plusieurs cas cliniques d’adolescents vus en expertise.
-Descriptions cliniques pleines de sensibilité, tact et rigueur.
-Les ados se signifient par leurs affects, leur impulsivité, leur «présentisme», leur intolérance a la frustration. Leur agir est soudain, imprévisible et irrationnel.
-Ils ne sont pas psychotiques mais appartiennent a la classification du DSM: cas limites ou même états-limite.
-La parole du juge fait fonction de castrateur (parole et non personne du juge) renvoyant le sujet à sa limite, sa solitude, son impuissance, états qui référent au principe de réalité.
-Pour Marc Peyron, le rôle de l’expert est celui d’une maïeutique guidant vers la capacité d’insight, de mentalisation et d’empathie avec la personne de la victime.
-Mais cette guidance peut se trouver obérée par le clivage. Trauma refoulé ou non verbalisé, verbalisable, telle la figure de Janus, ne laissant apparaître que l’armure de la non culpabilité, de l’absence d’empathie….
-La logique (double) de l’ado rencontre alors la logique judiciaire
Rencontre impossible: mariage de la carpe et du lapin
-Le temps pour comprendre est éclipsé et cependant la présence de l’expert demeurera cette trace qui servira d’étayage pour la suite du parcours, trace d’une écoute, d’un regard, d’une présence humaine qui signifie au sujet son humanité.
-L’expert, dans son travail, ne peut faire abstraction de son expérience de clinicien. C’est en le demeurant qu’il ouvre a cet autre les portes d’un espoir.
Rapport de la deuxième journée
Mylène Garo
Une communication très intéressante a propos de l’inceste,
- Trauma remémoré et parlant dans le symptôme des femmes qui en ont été victimes vues en hospitalisation au moment de grossesses à risque.
-Parfois, il était difficile de percevoir dans les faits cliniques rapportés, ce qui était de l’ordre du fantasme ou d’un réel trauma subi.
-Dans les cas avoués de traumas, l’écoute permettait une élaboration du trauma subi et semblait pouvoir palier à des significations imaginaires et symptomatiques projetées sur le nouveau-né.
Nous espérons que l’auteur poursuivra sa recherche très intéressante et novatrice.
Bouchet-Kervella
- l’après midi a permis une très riche communication de la psychanalyste, Mme Bouchet-Kervella sur le travail effectué auprès d’auteurs d’agressions sexuelles avec les définitions métapsychologiques des problématiques. Madame Kervella s’étant inscrite tardivement et sans souhaiter communiquer, ce fut une chance pour ces journées de pouvoir écouter et apprécier son travail clinique, ses recherches et les bases théoriques de celles-ci.
Le travail de Madame Bouchet-Kervella se situe en proximité du Psychiatre Balier, chef de Service à Varces 38, et dans la ligne des travaux et recherches effectuées dans le cadre strict de ‘’l’Institut de Psychanalyse’’, organe de formation et d’enseignement de la Société Psychanalytique de Paris.
Madame Bouchet-Kervella fait des recherches et conduit des traitements de personnes auteurs d’agressions sexuelles depuis plus de quinze ans (voir abstract de l’auteur)
Stéphane Sénéchal
-La communication du docteur Stéphane Sénéchal est également à souligner. Elle a mis en exergue le contre transfert du soignant face a la violence des personnes incarcérées. Et la difficulté d’un tel travail pour le soignant. La nécessité de travailler en équipe ou avec un co-équipier pour parer au contre transfert mais aussi aux effets de dangerosité ou manipulations perverses de la personne suivie a été rendue évidente.
Ce témoignage pose le problème de la juste organisation des soins en prison.
L. Bessa -Psychologue travaillant dans un commissariat de police. Mlle Bessa fait part de son travail: écoute des plaignants(es), son rôle relationnel au sein du commissariat.
-Travail novateur à suivre avec attention. (voir l’abstract de l’auteur )
Trois axes ont été abordés pendant ces journées
Axe victimologique:
Les communications de S.Nisembaum, de L.Bessa et M.Garro sont à situer dans cet axe.
-Soins d’inspiration analytique à des victimes d’inceste
-écoute et soins a des victimes portant plaintes au sein des commissariats (innovation récente, à suivre)
-écoute et soins à des victimes d’abus sexuel à l’occasion de soins hospitaliers lors de grossesse a risque.
Nous pouvons également situer dans cet axe l’intervention de Gérard Lopez, insistant sur la nécessité de prendre en compte le trauma, quel que soit l’âge de la victime quand celui-ci survient
Axe en liens avec les auteurs d’agressions sexuelles et les soins obligés
Plusieurs communications répondent à la question:
Eric Kania, France Paramelle, Betty Dumoulin, Madame Kervella et Madame Catherine Samet
Ces journées ont permis d’entendre les discours autour de la question des soins obligés; positions et questionnement de soignants de formation analytique dans le cadre des lois sur le soins obligés en lien avec l’Institution Pénitentiaire; position d’une représentante de la magistrature haut fonctionnaire à la Pénitentiaire; rapport de ce qui se fait outre-atlantique depuis 1960.
La pluralité des discours est évidente, l’appartenance à la pensée analytique est constante, soit académique et/ou innovante.
Le lieu de parole est celui de la psychiatrie, de la psychologie, de la recherche, et bien sur de la Psychanalyse.
En dialogue avec ces interventions se situe le discours d’une représentante de la Magistrature, discours novateur et pertinent.
La difficulté de s’écouter les uns les autres est également évidente à certains moments, le dialogue étant submergé par des expressions véhiculant des affects dont la signification demeure à éclairer et qui témoigne de l’engagement profond de chacun des participants.
Au terme de ces rencontres, et compte tenu des positions diverses des intervenants en prison, les questions que nous posons sont:
-la nécessité «d’inventer des thérapies adaptées», selon les termes de la Magistrate Catherine Samet . Mais si nous sommes dans l’invention nous sommes aussi dans la recherche scientifique qui en est la condition.
Il semble difficile que les médecins abandonnent si facilement les prérogatives de leur formation scientifique et de leur éthique.
Comment répondre au malaise des médecins et psychologues travaillant déjà et en prison ou en centre de semi-liberté?
Quelles sont les conditions matérielles de ces «soins»: nombre de personnels insuffisant, locaux, timing du travail psy en lien avec l’environnement de la prison
Qui peut affirmer aujourd’hui que de bonnes conditions de soin sont réunies?
Catherine Samet, partie trop tôt, n’a pu entendre le compte rendu de Madame Kervella, psychanalyste connue pour sa recherche et son travail avec les agresseurs sexuels. Madame Kervella est proche des travaux de Ballier. Tous deux affirment que les soins sont possibles et en ont fait l’expérience, mais le coût semble être élevé en besoins de personnes formées et sans doute locaux. Le centre mis en place par Madame Kervella qui fonctionne depuis 15 ans manque de moyens.
(Au passage, notons que Monsieur Balier, chef de service, a mis lui-même en place un fonctionnement qui existe depuis de nombreuses années et largement reconnu et particulièrement innovant, utilisant l’écoute analytique, mais aussi y ajoutant le psychodrame, le travail en groupe, les thérapies comportementales et l’activité artistique)
La magistrature dans son ensemble est-elle au courant de ces innovations scientifiques?
S’il y a obligation de soins, et les médecins et psychologues, tout en soulignant les difficultés ou insuffisances et de l’organisation des soins et d’une demande peut-être irréaliste de la magistrature, ne s’y dérobent pas.
Leur éthique leur fait ordre de soigner, l’ordre de la justice est destiné aux auteurs d’agressions sexuelles. Il convient d’éviter un amalgame .dangereux
Médecins et psychologues réclament des conditions de travail dignes du droit à la santé et particulières aux suivis psychiatriques et psychologiques.
Il sera difficile au gouvernement et aux responsables de se défausser de cette question.
Madame Catherine Samet soulignait l’envoi de «malades» en prison et donc la nécessité de soigner ces «malades», mais en même temps elle soulignait le manque de moyens.
Faudra-t-il revoir les expertises?
Les troubles de la personnalité relèvent-ils du soin psychiatrique et lequel?
Y a-t-il autant de «malades mentaux» en prison qu'on le dit?
Des unités hospitalières sont prévues pour ces personnes présentant pour elles-mêmes ou autrui un état de dangerosité. Quel est l’usage effectif de ces unités de soins?
La pluralité des discours académiques ne peut faire taire et les réalisations existantes et le coût économique de cette injonction de soins.
Autant de questions soulevées au cours de ces journées de rencontre qui sont un impératif au devoir d’écoute des responsables.
Autre question:
- la question du choix du thérapeute par le condamné incarcéré, et aussi de la thérapie.
Les mauvaises conditions de soins font-elles partie de la punition, ou bien sommes-nous dans le domaine de la santé avec ses exigences?
-un troisième axe fait de controverses théoriques toutes intéressantes bien que parfois trop chargées d’affects. Reste à analyser les raisons de ces affects. Positions personnelles ou féodalités intellectuelles «à la française»
Il s’agit de travailler «ensemble» et de se tolérer pour faire avancer les recherches et répondre sur un mode scientifique à la question des soins obligés
Une thérapie d’inspiration analytique peut-elle être contrainte?
Qu’en est-il de l’écoute dans ce cadre et législatif et pénitentiaire?
Des pratiques sont en cours: Mme Bouchet-Kervella mais à quel coût?
Y a-t-il place pour d’autres pratiques?
Sans doute faudra-t-il que la France accepte de faire des études d’évaluation des différentes formes de thérapies dans le cadre des soins obligés pour juger et de leur efficacité et de leur coût.
Egalement s’entourer de tests plus nombreux au niveau des expertises comme le suggérait Gérard Lopez.
Il y a là un grand champ qui s’ouvre à la recherche.
Il est difficile d’ignorer l’expérience américaine dont les débuts datent de 1960
La France, avec ses originalités culturelles et législatives, saura-t-elle répondre à ces questions et s’en donner les moyens économiques?
directeur du «Bulletin de Psychiatrie»
proposant l’hébergement de ce séminaire pendant une durée d’un an
J’ai retrouvé parmi mes cas cliniques anciens de perversions sexuelles et en particulier vers les années 1980 celui d’un violeur en série qui sans violence profitait d’une sorte d’ascendant pour persuader ses victimes. Il avait été élevé dans une famille très pudique, très pieuse et volontiers opposée à la contraception. La genèse de ces comportements répondait aux observations que nos collègues ont décrites. L’imago maternelle n’était pas suffisamment bonne d’une part et le poids de traumatismes graves de la guerre d’autre part avait été considérable. Ce double registre m’avait conduit à m’interroger sur la consistance de «l’enveloppe psychique» chez ce patient. Je me souviens qu'il était très naïvement convaincu de faire en quelque sorte une oeuvre de pédagogie du désir sexuel qui selon lui faisait défaut aux femmes! Il croyait aussi que je pourrais faire un certificat attestant que «l’odor di femina» était une circonstance atténuante parce qu’elle déclenchait mécaniquement le désir sexuel. Outre les entretiens psychothérapiques fut suggéré l’essai de l’acétate de cyprotérone, molécule qui n’avait pas encore reçu son AMM à cette époque. Il me répondit sur un ton quasiment accusateur par la parole de Saint Marc 9.43: «Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la; mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie, que d'avoir les deux mains et d'aller dans la géhenne».
Voyez aussi ’Ephémérides7’ dans le Bulletin à la page http://www.bulletindepsychiatrie.com/ephemer7.htm dans laquelle vous retrouverez les participations du Dr Paramelle ainsi que du Dr Fineltain. Quant aux expertises psychiatriques proprement dites, Zagury nous a fait il y a quelques mois sur internet un bon résumé de l’histoire de cette pratique dans http://psydoc-fr.broca.inserm.fr/conf&rm/conf/confagrsex/RapportsExperts/Zagury.html
Que nous dit ce cas clinique? Que nous devons faire preuve d’inventivité.
Mon ‘’Bulletin’’ repose sur une conception psychiatrique et psychanalytique toute particulière qui se situe résolument en marge du séminaire ici présent et que je peux résumer ainsi: en tant que psychanalyste j'ai été influencé par Harold Searles pour ses écrits sur les borderline mais aussi par Paul Ricoeur et la phénoménologie de Husserl.
Ainsi donc je crois utile pour nous tous devant les cas limites que nous avons évoqués ici même de trouver des ponts de passage entre des positions figées. Des théories très opposées se nourrissent parfois excessivement de discours académiques et dogmatiques. D'une part un académisme d'une psychiatrie centrée sur la preuve concrète qui … ou le factuel que … et d'autre part un académisme psychanalytique centré sur l’archéologie du sujet.
Ma théorie personnelle, celle qui anime le «Bulletin de Psychiatrie», est, en termes simplifiés, la suivante. Je considère tout d’abord que le thérapeute qui s'arrime à une identité de psychanalyste rigide ne peut pas aider son patient de façon satisfaisante. Et puis encore je considère que la vie n'est pas enclose seulement dans le réseau des interprétations propres à l'archéologie du sujet. Je nomme cette autre chose «téléologie», formulation philosophique familière aux phénoménologues comme Edmund Husserl et Paul Ricoeur. Il s’agit au fond d’un genre de "projet d'existence" implicite, d’une prospective au coeur de l’homme comme chez l’enfant se trouve l’adulte en devenir.
Les cas limites que représentent un certain nombre d'agresseurs sexuels doivent nous faire réfléchir aux limites de nos pratiques. Comment? Par une modification subversive de nos formes de thérapies académiques. J’en ai exposé ci-dessus la conception particulière.
Je crois donc utile d’encourager beaucoup de nos collègues à tolérer une meilleure communication entre des appareils de pensée antagonistes, remarque qui vaut tout autant pour diverses formes d’académismes ou même de dogmatismes si caractéristiques chez nous et d’ailleurs on pourrait nommer cette forme de pensée «l’idéologie française». Ceci étant dit, je me sers de ce dernier concept avec prudence. Ainsi pouvons-nous examiner le cas évoqué par le Dr Lopez: le simple bon sens commande de donner une grande valeur au fait traumatique, ‘’la tournante‘’, alors même que les processus psychiques de l’adolescente étaient assez structurés.
Par contre, dans un tout autre domaine, je suis perplexe quand je vois la difficulté des rapports entre magistrats et experts. Les experts doivent absolument rester dans leur rôle pour permettre au juge de jouer sa partition! A Outreau les experts se sont abusivement assis dans le fauteuil du juge! Certains juges en contrepartie demandent beaucoup trop à l’expert. Celui-ci doit apporter un discours scientifique capable d’éclairer les décisions du juge. Rien de moins mais aussi rien de plus!
Ceci dit j'ai été enchanté d'entendre le merveilleux exposé de notre magistrate parce que j'y ai entendu, chez elle et elle seule, ce mot que nous souhaitons trouver chez chacun d'entre nous. Elle a prononcé 4 fois le mot "inventé".
Nous devons inventer et laisser en nous émerger l'heuristique parce qu’en matière d'agressions sexuelles graves, je dirais familièrement qu’au fond, nous sommes tous un peu perdus!