Bulletin
de psychiatrie
Numero 3.1
(semestrielle
ou annuelle)
Edition 1996
Dr Fineltain
Ludwig
Neuropsychiatre
Psychanalyste
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CNPsy Gr.1 dp 75126408602810
E-mail:
fineltainl@yahoo.fr
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ACTUALITE DU SYNDROME BORDERLINE
Etant donné l'importance
et la complexité du sujet, ce troisième numéro du
Bulletin de Psychiatrie lui sera entièrement consacré. On
trouvera un premier article qui survole l'ensemble de la problématique
borderline et un second article étudie, au travers des symptômes,
la question philosophique du projet d'existence chez le borderline. Nous
nous demanderons aussi comment ce syndrome met en question et subvertit
les doctrines psychiatriques classiques dans des domaines aussi divers
que la nosologie et la psychanalyse.
Prochains articles prévus
dans le numéro 4: -Internet et la psychiatrie -La psychiatrie du
futur
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Premier article du numéro:
ACTUALITE DU SYNDROME BORDERLINE
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1)Définitions
2)Les errements
de la terminologie: borderline, état-limite ou styxose?
3)Le cheminement
du concept 1938 à 1985.
4)L'étude
des publications contemporaines de 1993 à 1995
5)La thèse
psychanalytique de Harold Searles et d'autres auteurs
6)Le syndrome borderline
et le suicide
7)Le syndrome borderline
et la sexualité
8)Deux cas cliniques
9)Réflexions sur le syndrome borderline
10)Subversion
de la technique psychanalytique
11)Subversion
de la nosologie classique
12)La téléologie.
Outre l'analyse du transfert il faut prendre en compte le projet de vie
ou "télos" méthode que je nommerais volontiers téléoanalyse.
1) DEFINITIONS ET MISE EN COMMUN DES
PRINCIPAUX CONSTATS CLINIQUES
Les termes utilisés sont
tour à tour: état-limite, cas limite, borderline.
Les états-limites sont une
véritable entité clinique. Ces patients n'entrent ni dans
le groupe des névrotiques ni dans celui des psychotiques ni non
plus dans celui des déséquilibrés. Les trois négations
sont une base de départ.
Je définis ainsi les syndromes
borderline: "Etat-limite, états-limites des psychoses, syndrome
borderline. Etats cliniques frontières entre la névrose et
la psychose considérés désormais comme une entité
clinique autonome. Ils constitueraient 30% des consultations. C'est un
groupement séméiologique ni névrotique ni psychotique.
Il passe d'un mécanisme à l'autre, des épisodes psychotiques
temporaires peuvent se produire au cours de son évolution. On a
apparenté les états-limites aux préschizophrénies,
aux schizophrénies incipiens, aux déséquilibres et
aux névroses atypiques, aux cas classiquement dénommés
schizomanies, aux maladies du caractère ou aux comportements pervers".
(Fineltain Ludwig, Glossaire de Psychiatrie Ed. 1995, Paris)
Une étude clinique se réfère
à Kernberg (1967), Grinker, Werble et Drye (1968) et Bergeret (1970):
"Une bonne adaptation sociale, de la dépression, de l'agressivité:
colères, hostilité, violence, de l'impulsivité. Une
résistance particulière à la dissociation psychotique
contrastant avec l'émergence d'épisodes psychotiques."
Joel Paris dans l'American Psychiatric
Press définit ainsi le syndrome: "Les relations avec autrui sont
intenses mais orageuses et instables avec des difficultés de maintenir
des liens intimes étroits. La personne peut manipuler autrui et
a souvent de grandes difficultés de faire confiance à autrui.
Il y a aussi une instabilité émotionnelle avec de sensibles
et fréquents signes d'une dépression (empty lonely), d'irritabilité
et d'anxiété. Il peut apparaître des conduites imprévisibles
et impulsives impliquant des dépenses excessives, de la promiscuité,
du jeu d'argent (gambling), abus de drogues ou d'alcool, vol à l'étalage,
boulimie ou conduites dommageables pour soi-même comme par exemple
des tentatives de suicide. On décèle encore des troubles
de l'identité avec confusion et incertitudes à propos de
l'identité (self-identify), la sexualité, les buts, et perspectives
vitales, le choix d'une carrière, les amitiés".
La définition ainsi présentée
est caractéristique des tendances psychiatriques américaines.
LES DEFINITIONS DU DSM
Le DSM distingue 301.83, Borderline
Personality Disorder, 301.9, Personality Disorder NOS, V62.89, Borderline
Intellectual Functioning. A propos de personnalité limite: le DSM-IV
rajoute un 9ème critère pour poser le diagnostic de désordre,
de personnalité limite: - Idéation paranoïde transitoire
reliée au stress ou symptômes dissociatifs sévère.
Dans le MINI DSM-3, nous avons
le code 301.83: Personnalité limite (borderline). Mode général
d'instabilité de l'humeur, des relations interpersonnelles et de
l'image de soi-même, apparaissant au début de l'âge
adulte et présent dans des contextes divers, comme en témoignent
au moins cinq des manifestations suivantes: (1)instabilité et excès
(2)impulsivité dans deux domaines (3)instabilité affective
(4)colères intenses et inadéquates (5)menaces suicidaires
(6)trouble de l'identité (7)sentiment permanent de vide ou d'ennui
(8)efforts effrénés pour éviter les abandons réels
ou imaginés.
L'épidémiologie est
ainsi observée: le DSMIII-R indique une occurrence de 5 à
15% en 1986 et de 13 à 33% dans une population de consultants du
secteur (Widiger et Frances, 1989) alors que Paul Hannig, en dehors des
équipes du DSM estime l'occurrence du trouble à 10-14% de
la population générale. Le DSM-IV indique: sujet jeune, 5
critères de diagnostic au moins. La prévalence atteint 2%
de la population et prévaut chez la femme. Ils abusent souvent de
l'alcool et des toxiques vénéneux.
2) LES ERREMENTS DE LA TERMINOLOGIE
Borderline, ligne frontière,
est le terme le plus usité pour désigner ces sortes de patients
situés entre psychose et névrose. Parmi les autres termes,
cas limite déplaît au psychanalyste tandis qu'état-limite
indique précisément le franchissement de la frontière
du côté de la psychose.
L'expérience des schizophrènes
chroniques nous apprend d'ailleurs beaucoup à propos des borderlines.
Le borderline est un patient qui offre à l'interlocuteur une façade
paisible et normale. Le diagnostic n'est pas fait si on n'effectue pas
un examen approfondi.
En même temps qu'on isole
le syndrome d'état-limite il faudrait, selon moi, mieux en repérer
l'autonomie. Il faut y adjoindre divers autres états frontières
sous une dénomination commune: les styxoses. Je nomme donc styxose
le syndrome borderline et d'autres formes frontières comme par exemple
les états prépsychotiques, les psychoses réversibles
ou conflictuelles.
Pourquoi styxose? Les fleuves des
Enfers sont des fleuves silencieux, dont le plus connu est le Styx (le
haïssable). Ils coulent parmi la nuit éternelle. Un terrible
batelier, Charon, fait traverser le fleuve, dans sa barque, les âmes
des morts qui quittent la terre pour venir hanter les enfers.
Nous disposons d'une pléthore
d'autres termes satisfaisants. Les autres cours d'eaux infernaux de la
mythologie sont le Cocytos (idées de gémissements, rivière
des plaintes), l'Achéron (idée de gémissement), le
Phlégéton (idée de feu brûlant) témoignant
des souffrances endurées par les âmes enfermées dans
l'enfer. Mais ces derniers ne sont pas traversés par le nocher.
On pourrait encore nommer éphorioses
ou méthorioses (ephorios ou methorios, "qui est sur la frontière")
les maladies et syndromes frontières entre la névrose et
la psychose. Mais le terme de styxose, désignant les maladies et
syndromes frontières entre la névrose et la psychose, convient
fort bien.
Dans le même temps nous pressentons
la nécessité de modifier nos conceptions psychopathologiques.
Le syndrome borderline, d'ailleurs, doit être regardé comme
une psychose réversible.
3) HISTORIQUE: LE CHEMINEMENT DU
CONCEPT DE 1938 A NOS JOURS
Le développement de la pensée
psychiatrique est très lent. Nous avons observé une relative
stabilité de la nosologie psychiatrique depuis 100 ans. Le renouvellement
imposé plus que suggéré par les DSM est très
superficiel. Il ne propose pas de nouvelles entités ni non plus
aucun démembrement d'entités antérieures. Il propose
seulement un nouveau langage capable de faire lien entre cliniciens, pharmacologues
et épidémiologistes.
L'état-limite se présente
comme la seule entité relativement nouvelle.
LES PREMIERS APPORTS ONT ETE SPECIFIQUEMENT
PSYCHANALYTIQUES
I) La mise à jour du syndrome:
de 1938 à 1977
1) Les psychanalystes Stern en
1938, V.Eisenstein, Bychowski, pour la première fois, eurent recours
au terme de borderline ou état-limite pour désigner l'intrication
de traits névrotiques et psychotiques.
2) A.Wolberg dans un article en
1952 intitulé: "The borderline patient" en décrit les traits
typiques: adaptation maintenue à la réalité, défenses
plus primitives que chez le névrosé classique, dépendances,
hyperesthésie relationnelle, allure sadomasochiste répétitive
du comportement, relation d'objet ambivalente.
3) Lichtenstein en 1961
4) Mahler en 1968 à propos
de la psychose infantile: la naissance de l'enfant en tant qu'individu
résulte d'une sorte de "répons" mère enfant)
5) Grinker en 1968 repère
quatre registres psychopathologiques: l'agressivité, le trouble
des réactions affectives, le trouble de l'identité, une dépression
marquée par le sentiment de solitude.
6) Giovacchini dans un texte de
1975 décrit le soi blanc.
7) Otto Kernberg (1975) glisse
du concept de pathologie caractérielle, infantiles et régressives
au BPD. Il décrit une personnalité incluant les formes graves
de pathologie caractérielle, infantiles et régressives non
psychotiques.
II) La période de confirmation:
de 1978 à 1984.
1) D.Klein décrit la dysphorie
chronique et la labilité affective.
2) H.S. Akiskal en 1981 et M.H.
Stone situent ces troubles comme une variété de désordres
affectifs. Peut-on en rapprocher, question souvent posée, les troubles
abandonniques, les personnalités "as if" ou "comme si", les personnalités
dotées de faux-self?
3) M.C.Zanirini retraçant
l'histoire du concept: ne fait pas la différence avec les désordres
impulsifs.
4) J.G.Gunderson (1984) pointe
le diagnostic sur l'axe II aux DSM III, III-r et IV. Il décrit un
désordre de la personnalité se distinguant d'autres désordres
de l'axe II: des ensembles bizarre et anxieux du DSM-III et DSM-III-R
5) R.Spitzer introduit le concept
dans la Task Force de l'APA.
6) Winider en 1977 montre la propension
de ces patients à faire des expériences psychotiques transitoires.
Il insiste sur le pôle schizophrénique de la BPD.
III) Les auteurs français.
Quelques travaux chez des auteurs
français comme A.Green et P.Male ou J.Bergeret. Ce dernier insiste
sur la dépression ou mieux la dépressivité. Bergeret
décrit ainsi le noyau du syndrome: un état de colère
à l'égard de l'objet, des échanges interpersonnels
inadéquats, un sentiment de vide et de solitude. soit en somme:
1) La dépression, 2) Angoisse-dépression, 3) Anxiétés
et angoisses et enfin 4) Sentiment de solitude et de vide.
Les états-limites occupent
chez Green (Le discours vivant), une place en creux. L'auteur examine plus
volontiers des pathologies connexes qui donnent au discours psychanalytique
classique un supplément de substance. Enfin A.Green et P.Male partent
du concept de pré-schizophrénie, étude très
décevante, puisque le concept est très classique et relativement
ancien et qu'il circonscrit uniquement un mode d'entrée dans la
schizophrénie.
Un numéro spécial
de la Revue Française de Psychanalyse est consacré à
ce problème psychopathologique en décembre 1968. A propos
de l'organisation borderline, les auteurs insistent sur le polymorphisme
des symptômes et des structures, les troubles narcissiques, la pellicule
de pensée, les micro-lacunes psychotiques, la distance réduite:
les angoisses psychotiques sont soigneusement cachées par les situations
de la réalité extérieure. On peut y lire la classification
de Rosenfeld. Référence y est faite au travail de Rosenfeld
et Kernberg, décrivant des patients à qui manque "la peau
mentale", dans Rosenberg "Psychotic states" London 65 et dans Traitement
au long cours des états psychotiques 1974. D.Widlöcher souligne:
"la confusion qui risque de s'établir entre la psychose et les mécanismes
psychotiques de lutte contre le conflit psychique", et, de poser la bonne
question: existe-t-il un continuum entre les psychoses et les névroses?
4) ETUDE DES PUBLICATIONS CONTEMPORAINES
INTERNATIONALES
Les travaux ont désormais
changé de cap. La plupart des textes font en effet référence
aux critères diagnostiques du DSM-IV.
1) Quelles sont les limites des
Etats-Limites? Dans le symposium scandinave en 1993 à Copenhague,
Danemark, Tyrer Peter dans Acta Psychiatrica Scandinavia, 94 v.89 (379,
supp) 38-44. La pertinence du BPD repose sur des frontières beaucoup
trop flexibles, trop imprécises. Le diagnostic se confond et empiète
sur d'autres troubles de la personnalité comme les troubles de l'humeur
et les troubles intermittents du comportement. L'étude des frontières
nous mène si loin qu'en conséquence on nie la notion même
de BPD. Ce diagnostic est coaxial: il se réfère à
un trouble de la personnalité et à un trouble mental. Si
bien que continuer de décrire ce syndrome comme un trouble de la
personnalité est une erreur.
2) Le problème des interprétations
est ainsi abordé: "How to not make interpretations when interpretations
are being begged for". Selon Kadish, Amy, du point de vue psychanalytique,
il ne faut pas interpréter. La priorité consiste à
établir une relation d'objet (le cas d'un homme de 45 ans).
Dans son "Principles in the psychotherapy,
1994", il élabore sept principes pour établir une alliance
thérapeutique:
a) Tenir compte de la conduite
auto-destructive dès les premiers contacts
b) Métabolisme du contre-transfert
c) Susciter et prendre en compte
les affects
d) Interprétation non punitive
des pulsions agressives du patient
e) Imputer au patient la responsabilité
de la préservation du traitement
f) Rechercher comment la
perception d'un trauma infligé par le thérapeute peut avoir
déclenché une conduite autodestructrice
g) Préserver des perspectives
de réparation.
ETUDE SYNTHETIQUE ET STATISTIQUE
DES TRAVAUX CONTEMPORAINS
Il résulte de ces innombrables
travaux quelques grandes tendances:
1) Une tendance séméiologiste
qui faute de se référer à une quelconque doctrine
étaye son raisonnement sur la prévalence d'un symptôme.
On privilégie le plus souvent le suicide comme témoin, critère
évolutif ou comme composante d'un modèle prédictif
2) L'étude clinique classique
se fait le plus souvent en milieu hospitalier dans 31,4% des études.
Alors qu'en réalité ce sont des patients de clientèle
privée!
3) La psychothérapie individuelle
psychanalytique représente 37,1% des travaux avec une insistance
toute particulière sur les avatars du contre-transfert (5 cas sur
les 13 travaux psychanalytiques)
4) La psychothérapie cognitivo-behavioriste:
2 travaux seulement.
-La psychothérapie dialectique,
concept typiquement américain, est mise en exergue dans 2 travaux
sur 35.
-La psychothérapie de groupe
est étudiée dans 2 articles sur 35.
5) La chimiothérapie: des
études qui tour à tour explorent les effets de la clozapine,
de la carbamazépine, de la fluoxétine et des valproates.
Le raisonnement pharmacologique prioritaire se concentre sur les aspects
dépressifs du syndrome borderline. Ils ne représentent que
4 articles sur 35 soit 11,4% de l'ensemble.
6) Le syndrome borderline chez
l'enfant est étudié dans 2 travaux. (Référence
à un article de fond dans American Journal of Psychiatry).
7) La psychométrie est faiblement
représentée par un seul travail sur le test de Rorschach
dans ce syndrome.
RESUME DES TRAVAUX CONTEMPORAINS
En résumé, lorsque
l'on examine les publications sérieuses sur le traitement des syndrome
borderline dans les publications internationales de 1993 à 1995
on retrouve, bien entendu, les trois ou quatre tendances classiques: les
symptômes comme cibles privilégiées et dans ce cas
le fluvoxamine, les valproates, la clozapine, la phénelzine et le
bupropion (buspiridone) sont privilégiés, la psychothérapie
dialectique des américains qu'il faut rapprocher des psychothérapies
cognitivistes, la psychothérapie analytique enfin.
^
5)
PSYCHANALYSE DES BORDERLINES: L'APPORT DE SEARLES*
L'apport magistral nous vient de
Harold Searles.
Dans son livre, "Mon expérience
des états-limites", il expose longuement l'expérience psychanalytique
des états-limites ou patients borderline. Le livre de Harold Searles
constitue le meilleur et peut-être le seul travail psychanalytique
substantiel sur cette pathologie. Il donne un éclairage remarquable
à propos de la distinction entre l'animé et l'inanimé,
le moi et le monde extérieur.
L'étude psychanalytiques
des origines des états psychotiques et borderline nous conduit aux
stades qui précédent ou suivent de très près
l'acquisition du langage.
L'autisme, la symbiose et l'individuation
sont au centre de la problématique de la schizophrénie mais
aussi du borderline.
L'analyse de psychose borderline
transférentielle permet d'étudier un nouveau mode de fonctionnement
du moi
a) A PROPOS DU DIAGNOSTIC
Il s'agit d'un patient initialement
considéré comme névrotique. Il révèle
des aspects de son fonctionnement mental, une profonde perturbation de
son sentiment d'identité, une confusion du dehors et du dedans du
moi et de l'autre, qui le rapprochent de la psychose. Searles préfère,
pour désigner ces patients, utiliser le terme d'états-limites
et non de cas limites.
C'est une pathologie sévère
sans commune mesure avec la jalousie oedipienne.
Les caractéristiques de
l'examen psychiatrique du patient borderline selon Searles: les défenses
névrotiques et les fonctions du moi qui sont encore indemnes donnent
au patient borderline la possibilité de présenter une façade
trompeuse, superficiellement conventionnelle, bien que névrotique,
selon que l'investigation psychiatrique concernant le fonctionnement
global du patient est approfondie ou non. L'entretien psychiatrique en
face à face est une situation relativement structurée où
les moyens de protection conventionnels - évitement, fuite, déni,
minimisation, changement de sujet et autres méthodes de dissimulation
- peuvent être employés, même par les patients qui cherchent
réellement de l'aide mais qui n'osent pas montrer qu'ils ont conscience
d'une perte d'affects, par exemple, ou d'une fausse interprétation
de la réalité, ou de préoccupations autistiques, et
autres problèmes du même genre.
b) MECANISMES
Ainsi encore un jeune homme paranoïde
schizophrène chronique percevait Searles et son entourage comme
des "nuls". Il projetait son néant subjectif sur autrui.
c) A PROPOS DE L'INDISTINCTION
DE L'ANIME ET DE L'INANIME
Le patient ne distingue pas entre
les éléments humains et non humains, animés et inanimés,
en lui et à l'extérieur de lui. Ils introduisent souvent
dans la relation transférentielle des objets non humains qui suscitent
la même jalousie que s'ils étaient effectivement humains.
Tout ceci doit être comparé
à ce que Kernberg (1975) nomme "relations d'objet primitives intériorisées"
(Réf: Borderline conditions and pathological narcissism)
d) DE LA PERSONNIFICATION DES IMAGINAIRES
Searles développe ainsi
la question de la jalousie: ils sont jaloux de leurs rêves parce
ceux-ci sont des êtres qui s'expriment mieux qu'eux.
La jalousie vis-à-vis d'un
objet interne, à l'intérieur de soi ou à l'intérieur
de l'autre, dans une relation où il n'y a manifestement que deux
personnes en jeu se trouve au coeur d'une psychopathologie grave et envahissante.
Ces phénomènes de jalousie, issus primitivement de très
puissants clivages du moi dans la relation mère nourrisson au moment
où le moi de l'enfant commençait à se former, sont
une source beaucoup plus importante de psychopathologie sévère
que les phénomènes de jalousie associés à la
phase oedipienne du développement. Ils peuvent être cause,
par exemple, d'une fragmentation du moi, d'une dépersonnalisation,
d'une angoisse de castration ou encore, dans le transfert, d'une réaction
thérapeutique négative.
Liés aux tout premiers stades
de développement du moi, c'est-à-dire à une période
où l'enfant ne peut pas encore distinguer nettement entre les éléments
humains et non humains, animés et inanimés, en lui et à
l'extérieur de lui, ils introduisent souvent dans la relation transférentielle
des objets non humains qui suscitent la même jalousie que s'ils étaient
effectivement humains.
Le patient est incapable d'éprouver
l'éventail complet des sentiments humains; il se défend contre
la reconnaissance de l'étendue de cette incapacité.
e) FORMATION DU MOI JALOUSIE ET
ETATS-LIMITES
-le patient a vécu sa vie
à travers les autres
-la jalousie inconsciente comme
cause de l'absence de contact
-le thérapeute se sent comme
"étranger".
f) DE LA SEPARATION ET DE LA PERTE
Une formidable protection contre
les sentiments de séparation et de perte dans ses relations avec
d'autres être humains. Très proche de la conception de Searles:
Winnicott estime que l'analyste offre un soutien, un holding, susceptible
de disparaître.
Spitz a étudié en
1945 les conditions dans lesquelles l'enfant distingue les objets animés
dans le regard de sa mère.
La mère du patient borderline
a aidé l'enfant à atteindre ce stade. Mais l'incapacité
de mener à bien un processus de séparation ne permet pas
de mener l'individuation plus loin. Le borderline demeurera dans cette
sorte de dépendance transférentielle.
Les parents ont été
une collection "d'introjects" mal intégrés. Il apparaît
souvent qu'il a dû enfant jouer le rôle de thérapeute
ayant pour mission dans la vie de guérir ses parents malades.
g) QUE DOIT FAIRE L'ANALYSTE?
L'analyste comme soutien, cf.
pages 156 sq. Ces patients, selon Searles, nous narguent en menaçant
de devenir schizophrène! Ils mobilisent notre contre-transfert de
nous débarrasser d'eux.
Les réactions transférentielles
de l'adulte borderline confèrent au thérapeute des rôle
qui diffèrent étrangement de ceux auxquels il est habitué
avec les patients névrosés, dont le transfert lui fait jouer,
par exemple, le rôle de père dominateur ou de mère
masochiste sexuellement séductrice. Ici au contraire le patient
réagit au thérapeute de mille façons extraordinaires,
avec presque toujours une note de "non humain" ou de "pas tout à
fait humain". Ainsi par exemple le patient le traite inconsciemment comme
s'il n'existait pas, comme s'il était un cadavre, ou une force surnaturelle
sinistre et s'infiltrant partout, ou Dieu, ou l'esprit même du patient,
ou encore une partie anatomique de la mère (son vagin, ou son pénis
fantasmé).
Le thérapeute réel
en effet dépend sur un mode extrêmement primitif de cet aspect
vivant du patient.
6) LE SYNDROME
BORDERLINE ET LE SUICIDE^
Les personnalités borderline
font très généralement des tentatives de suicide.
Les pulsions suicidaires chez eux ont un certain nombre de traits en commun:
-Leur constance
-Le désir de se protéger
de productions très persécutives et destructives venant en
général des imagos parentales.
-L'existence quelques fois de rapports
parents enfants extrêmement durs durant l'enfance. Sous quelle forme?
Dans un cas le papa était perçu comme un officier tortionnaire
avec ses manies du commandement, ses comportements de survie et ses horaires
minutés.
7) LA SEXUALITE DANS
LES ETATS-LIMITES EST TRES PERTURBEE
Rappelons que le trouble de l'identité
chez ces patients produit et induit de l'incertitude à propos de
l'image de soi, des buts et des valeurs. La conduite sexuelle impulsive
et la confusion sexuelle sont habituelles. Une récente étude,
celle de GS Zubenko, a démontré l'extrême fréquence
de l'homosexualité et d'autres variations sexuelles chez les borderline
des deux sexes. Il constate 26% d'homosexuels et paraphiles alors que dans
la population générale seuls 5% sont homosexuels et 2% parmi
les femmes.
8)
ETUDE DE DEUX CAS CLINIQUES
CAS Nø1: Mr DE.
En mai 1994. La peur de devenir
fou préside chez ce patient aux fantasmes les plus angoissants.
La persistance des fantasmes de destruction chez ce patient doit être
mis en relation avec la précoce disparition de sa mère quand
il eut 6 ans. Le fantasme est celui-ci: "M., le tenancier kabyle, m'évite
depuis qu'il sait que je suis allé en Algérie à C.
et à K. fief des terroristes. J'imagine que la direction des tueurs
me téléphone de K. et me dit qu'ils ont 11 otages américains:
ils me demandent ce qu'ils doivent en faire. Je leur dis qu'il faut leur
trancher le cou".
Je lui fais les remarques suivantes:
"Vous devez atténuer l'idée
d'être responsable de la mort de votre mère. Ou encore atténuer
l'idée de rendre votre père responsable de la mort de votre
mère".
Et, en même temps l'idée
inverse: "Maintenir en vous le travail de deuil avec son cortège
de responsabilité et de culpabilité afin de vous prémunir
d'un danger plus grave qui rôde, c'est-à-dire la peur de devenir
fou, de perdre votre identité, le contrôle de vous ou bien
encore la peur d'avoir une pensée amputée".
"Vous avez un profond besoin de
destructivité des êtres: les Arabes, les 11 américains
de votre fantasme etc.". L'adhésion a des mouvements extrémistes
fut au début pour le patient une des formes du besoin de tuer l'analyste,
perçu comme un de ces intellectuels, tous autant qu'ils sont, complices
de l'aide aux mouvements d'émancipation révolutionnaires
de jadis et en même temps représentant actuel de l'imago paternelle.
PROTECTION
De quoi se protéger? Comment
se protéger?
La question des mécanismes
de défense en pelures d'oignons doit être soigneusement examinée.
Il faut les traiter comme des propositions intellectuelles de la même
façon qu'on traite les courbes, les dérivées: dérivées
secondes et tierces.
CAS Nø2: Mr LE.
Un exemple de syndrome borderline.
Voici en quelques notes succinctes les traits séméiologiques
de ce syndrome chez ce patient en analyse assouplie:
1) La position infantile: il attend
que vienne de moi la becquée. Il attend que je lui prédise
son avenir, que je lui dise la nature de ses émotions, de ses sentiments
et de ses envies. Cette position demande un développement: l'étude
des pulsions orales et la question de la magie.
2) Il a peur des mécanismes
de la pensée. Il a peur de ses pensées et surtout de ses
rêves.
Il est déprimé. Il
pense sans cesse à se supprimer. Il met en doute tous les efforts
de soins. Il ne connaît pas son identité sexuelle. Il a une
vie sexuelle très pauvre Il doute de ses capacités. Il se
croit réellement débile mental malgré l'importance
de son diplôme universitaire.
Le même patient 6 mois après.
A la faveur d'une séance
importante se trouve mise en lumière ma conception favorite des
borderline et des psychotiques à savoir une anomalie de constitution
de l'enveloppe psychique et de l'enveloppe fantasmée du corps.
Le patient me pose la même
question pour la 1.000ème fois: "Est-ce que vous pensez que je vais
devenir un homosexuel?".
La crainte de découvrir
en lui, le lendemain, un tout autre personnage que celui qu'on analyse
depuis 6 ans est un fantasme d'absence de frontière du psychisme
et du corps.
Les dangers d'aimer, chez ce patient,
représentent donc un double danger:
1) Déborder de soi, débonder,
"diffluer", bref, perdre l'identité et l'intégrité.
2) Aimer fait naître en lui
une agressivité destructrice.
3) L'ambivalence amour haine est
très pré-oedipienne chez lui.
4)Ces patients présentent
en contrepartie une immense amnésie de la période concernée
de l'enfance.
9)
REFLEXIONS SUR LE SYNDROME BORDERLINE
1) Une dépression essentielle
ou endogène, des périodes psychotiques, interprétatives,
persécutives et confuses chez la patiente AE., 28 ans. Mais le concept
de dépression est contestable
2) Des expériences de morcellement,
de perte du moi, schizophrénique, chez l'un de mes patients Mr ZN.,
une adaptabilité remarquable, exceptionnelle au monde du travail
et aux liens d'amitié, des douleurs psychiques, des angoisses traduisant
une très grande difficulté d'élaboration mentale.
3) La dépendance anaclitique,
une régression orale caractéristique des états-limites
est constamment présente: ils comptabilisent le nombre des séances,
ils n'en ont jamais assez, ils souffrent d'en sauter etc.
4) Psychopathologie de la construction
du moi. Le développement du moi dans une période de construction
entre 6 mois et 1 an traverse des épisodes périlleux où
rien ne prouve la mise en ordre, l'aboutissement de cette sorte de quasi
équilibre ou d'équilibre quasi stationnaire qui définit
le moi.
Les vicissitudes de l'éducation,
la période de la nourrice et de la première classe maternelle
ont un rôle majeur à propos du déficit de la constitution
d'une enveloppe épaisse, d'un cuir solide, d'un moi-peau satisfaisant.
L'expérience clinique montre
que seuls les psychotiques schizophrènes et certains borderline
sont affectées de cette immaturation de l'enveloppe, de la carapace
ou de la coque du moi. Bref l'enveloppe est donc l'élément
constitutif du moi. Sans cette phase fondatrice et sans cette période
évolutive le moi ne peut pas être satisfaisant.
5) La réflexion psychanalytique.
Ces patients sont susceptibles
d'entreprendre une psychanalyse assouplie. Les relations transférentielles
sont très positives mais très chaotiques. L'un de mes patients
m'a pendant des années accusé d'être un sadique capable
de forcer un homme à venir à des séances à
des horaires et des jours fixés d'avance comme le ferait un père
pointilleux et mortifère. Il venait avec un fantasme, né
dans la rue et présent encore dans la séance, que son regard
était un laser capable de réduire la personne en poudre.
Le caractère particulier de ce fantasme destructeur bien banal était
qu'il était vécu comme quelque chose de quasi réel
qui le contraignait à des stratégies d'atténuation,
de modification de son comportement. On voit ici la parenté structurelle
avec la psychose, pas avec n'importe quelle psychose, la psychose schizophrénique.
Les projets de suicide ont été permanents et innombrables
dans leur forme et leur variété.
6) Les capacités d'adaptation
sociale de ces patients sont très généralement stupéfiantes.
L'une de mes patientes, Mlle AE, 30 ans, qui a fait à trois reprises
des décompensations psychotiques du type bouffée délirante
avec délire de relation de Sérieux et Capgras, fut capable
aux pires périodes de crise économique et sous des doses
de neuroleptiques substantielles de retrouver six fois un emploi de très
haute compétence et de s'y maintenir plusieurs mois de façon
satisfaisante et productive.
REPRISE DES TRAITS CARACTERISTIQUES
DU SYNDROME
Voici donc les traits majeurs mis
en évidence chez quelques borderline suivis en analyse assouplie.
Les pulsions suicidaires.
Les insuffisances graves du narcissisme
Les troubles de l'identité
sexuelle accompagnés de pulsions homosexuelles douloureuses.
^
10) SUBVERSION DE LA TECHNIQUE PSYCHANALYTIQUE
Searles introduit une réflexion
approfondie à propos de ce qu'il est convenu de nommer la psychanalyse
assouplie
La conclusion de Searles est celle-ci:
l'analyste qui s'accroche, parce qu'il se sent menacé, à
une identité d'analyste rigide, ne peut pas aider son patient
de façon satisfaisante. Le thérapeute doit dépasser
l'identité traditionnelle du psychanalyste formel pour pouvoir travailler
efficacement avec le patient borderline.
Le contre-transfert est pour Searles
l'un des moyens le plus fiable dont dispose l'analyste pour comprendre
les patients borderline. Searles introduit donc une réflexion psychanalytique
paradoxale et même bizarre. J'emploie le terme bizarre parce que
le concept de contre-transfert est poussé jusqu'à des limites
inhumaines. On a besoin de sentir le patient vivant en face à face.
En développant jusqu'à
l'extrême l'étude des effets contre-transférentiels.
Il parvient, pour les lecteurs que nous sommes, à une démonstration
inverse de ce que l'auteur avait initialement prévu. Nous sommes
insensiblement conduits aux limites des possibilités effectives
de l'analyse.
La méthode psychanalytique
peut être proposée aux patients borderline. La difficulté
toute particulière de ces traitements résulte de l'implication
contre-transférentielle massive.
a) Ces patients sont toujours aux
limites de l'auto-dénigrement et du suicide.
b) Il faut avant tout les aider
à conforter une relation d'objet.
c) Les pulsions machiniques. Ces
patients traitent leur affects, leur intériorité comme des
objets inertes, mécaniques et robotisés. Ces patients se
perçoivent comme un légo ou un robot: c'est le syndrome des
personnages de feuilletons américains, "Robocop" ou "Terminator".
Ils peuvent être d'excellents militants du biologisme en psychiatrie!
d) Les pulsions agressives prennent
chez eux des formes très particulières: ils soumettent leur
thérapeute à rude épreuve. Ce sont d'incessants et
exaspérants interrogatoires, de véritables diatribes philosophiques
sur la validité de leurs symptômes voire de leur souffrance.
e) Le questionnement sur leur identité
sexuelle est lancinant, permanent et proche de l'exaspération
f) Il en est de même à
propos de leur niveau intellectuel.
COMMENTAIRES
1) Comme l'analyse ne s'occupe
pas essentiellement de nosologie le concept fait forcément référence
aux classifications conventionnelles. La psychanalyse contemporaine est
caractérisée par l'effort très artificiel de se maintenir
aux marges des travaux nosologiques.
2) Ce sont des patients capable
de maîtriser leur flux émotionnel et les décharges
psychomotrices de façon à ne jamais aller en institution
psychiatrique proprement dite. Ils ont en effet une remarquable capacité
de se redresser, une grande plasticité psychique comme on dit des
hystériques. Mais en fait le phénomène est plus remarquable
que ça. Ils sont capables d'opérer de remarquables et rapides
conduites de réinsertion dans les zones maximales de leurs capacités
intellectuelles (cas de Mme A., 36 ans)
3) En parallèle: des phases
de dépersonnalisation, des défauts de l'enveloppe du moi,
des épisodes psychotiques réversibles.
Toute psychanalyse approfondie
nous confronte à des phénomènes borderline, car ceux-ci
font partie de la condition humaine. Ce que l'on a appris par ailleurs
avec les schizophrènes est d'une grande utilité pour comprendre
ces patients. Il s'agit globalement d'une nouvelle clinique irréductible
à celle des névroses. Des critères et des repères
cliniques doivent être examinés avec attention. Ce sont le
sentiment d'une identité personnelle relativement stable, la séparation
tranchée entre l'espace du dehors et celui du dedans, la distinction
entre fantasme et réalité, bref les repères classiques
de la normalité.
^
11) SUBVERSION DE LA NOSOLOGIE CLASSIQUE
PSYCHOSE CONFLICTUELLE OU PSYCHOSE
REVERSIBLE
Les études des borderline
vont susciter une profonde modification de la nosologie classique. Il apparaît
ici encore dans ces commentaires une évaluation des états-limites
comme d'une catégorie nosologique proche de la psychose. Le syndrome
borderline est une psychose conflictuelle. Il peut aussi être considéré
comme une psychose réversible.
^
12) REFLEXIONS AU SUJET DU TRAITEMENT:
LA QUESTION DE LA TELEOLOGIE
OUTRE L'ANALYSE DU TRANSFERT IL
FAUT PRENDRE EN COMPTE LE PROJET DE VIE OU TELOS, METHODE QUE JE NOMMERAIS
VOLONTIERS TELEOANALYSE
Il faut dans ce cas adapter la thérapie
analytique avec beaucoup d'inventivité comme celle qu'on déploie auprès
des psychotiques. Ce sont des analyses interminables mais fructueuses.
Je préconise pour ma part
une prise en compte d'une analyse phénoménologique que je
nomme téléoanalyse ou téloanalyse. On attendra de
cette technique mixte un progrès dans la perception de la nature
des syndromes borderline et des états prépsychotiques.
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Edition Masson 1974
Richard Corelli MD Stanford Congrès
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(june 1987) Harvard College
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ou annuelle)
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Fineltain Ludwig
Neuropsychiatre
Psychanalyste
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